Scènes du quotidien – Octobre 2010

Le maillon…

Ce week-end nos effets personnels ont enfin été livrés. Il faut dire que nous ne manquions de rien, si ce n’est de médicaments et du plaisir d’assortir les chaussures aux pantalons. Celui aussi de râler en bons français, contre les douanes chinoises, un peu zeleuses en ce moment du fait de l’exposition universelle, qui nous ont rappellent avec nostalgie les travers de certaines administrations françaises.

32 cartons ont été livrés; ils trônaient le surlendemain au milieu du jardin après avoir été vidés de leur précieux contenu. Par un bouche-à-oreilles très efficace, nous voyons apparaitre le dimanche matin une femme au visage buriné, le dos courbé par l’effort, qui se propose de nous débarrasser des cartons… Un grand oui de soulagement accompagne ce messager serviteur !

Quelques heures plus tard, elle a soigneusement plié et empilé tous les cartons sur son vélo qui forment une pyramide dont la hauteur cache complètement la structure du vélo. Elle se rapproche de moi…. L’espace d’un instant, je la vois sourire et fouille machinalement dans ma poche pour trouver un pourboire. A ma grande surprise, c’est elle qui me tend quelques billets ! Je serais donc le premier chainon d’une grande entreprise de recyclage et fournisseur malgré moi ?

13 RMB (1,5euros), c’est « MA valeur ajoutée »… je sais je n’aurai pas du, mais j’ai renonce a mon du.

Dialoguer…

Apres trois heures de cours de chinois, je m’exerce avec mon chauffeur et toutes les victimes autour de moi qui acceptent de m’écouter. J’ânonne « que je suis français, que j’ai un ami en ville et que j’aime boire de la bière fraiche.. », que des choses simples et qui font parler, et rire. Beaucoup rire… Chez Ikea, ce week-end, en testant les nombres sur une nouvelle victime et pensant nouer une relation forte avec le magasinier, j’ai même bredouillé le numéro de l’allée ou se trouvait mon meuble.

«  sorry don’t speak english ! » me repond t-il ! Ces cons de Suédois embauchent n’importe qui !

Ecouter & Observer…

Il est très intéressant d’observer sans comprendre. Une double lecture s’établit ou l’on cherche à lire derrière les traits du visage, les expressions, les gestes et le ton de la voix. Je n’y avais jamais fait attention, trop occupé par les mots.

Ce matin, nous avons passé 3 heures dans un hôpital pour Arthur. Radio, examen de sang, IRM, re-radio, pour une inflammation a la cheville qui ne guérit pas.

On nous conseille de revenir le lendemain pour voir LE spécialiste orthopédique.

Avant de partir, j’ai souvent reproché à certains médecins français de se refugier derrière un discours trop technique ou les mots sont ceux de la notice technique de l’appareil qu’ils manipulent, et l’examen clinique finalement écourté voire bâclé.

Ce matin, pendu aux lèvres de cette femme de 70 ans (au moins), qui ne parlait pas un mot d’anglais mais visiblement très respectée dans le service, j’ai observé ses gestes, son ton, son calme, et ai trouvé dans ses yeux souriants un grand réconfort. Etonnant.